Hello booklover, pour ma troisième lecture du Pumpkin Autumn Challenge, j’ai lu Betty de Tiffany McDaniel. Ce n’est plus de la littérature jeunesse mais de la littérature contemporaine américaine et je suis plus que ravie de cette découverte qui m’avait tentée dès sa sortie française.

Titre : Betty
Auteur : Tiffany McDaniel
Éditeur : Gallmeister
Collection : Totem n° 208
Genre : contemporaine étrangère
Nombre de pages : 704
Date de publication : 3 mars 2022
Résumé
« Ce livre est à la fois une danse, un chant et un éclat de lune, mais par-dessus tout, l’histoire qu’il raconte est, et restera à jamais, celle de la Petite Indienne. » La Petite Indienne, c’est Betty. Née en 1954 dans une baignoire, Betty Carpenter est la sixième de huit enfants. Sa famille vit en marge de la bonne société car, si sa mère est blanche, son père est cherokee. Lorsque les Carpenter s’installent dans la petite ville de Breathed, après des années d’errance, le paysage luxuriant de l’Ohio semble leur apporter la paix. Avec ses frères et soeurs, Betty grandit bercée par la magie immémoriale des histoires de son père. Mais les plus noirs secrets de la famille se dévoilent peu à peu. Pour affronter le monde des adultes, Betty puise son courage dans l’écriture : elle confie alors sa douleur à des pages qu’elle enfouit sous terre au fil des années. Pour qu’un jour, toutes ces histoires n’en forment plus qu’une, qu’elle pourra enfin révéler au grand jour.
Betty raconte les mystères de l’enfance et la perte de l’innocence. À travers la voix de sa jeune narratrice, Tiffany McDaniel chante le pouvoir réparateur des mots et donne naissance à une héroïne universelle.
Ce livre en 3 mots
Bouleversant · Poétique · Violent
Mon avis
Betty, c’est la seule enfant parmi ses frères et soeurs qui ressemblent physiquement à une Cherokee. Betty, c’est une petite fille émerveillée par son papa et les histoires pleines de poésie qu’il lui raconte pour lui expliquer le sens de la famille, le fonctionnement de la vie autour d’elle et d’eux ou encore lui donner du courage pour affronter les moqueries à l’école. Parce que, justement, Betty est une enfant Cherokee dans l’âme mais aussi dans la peau dans une Amérique rurale où la différence n’est pas la bienvenue. Betty, c’est l’écrivaine de sa famille, la cérébrale ou encore l’intellectuelle, celle qui trouve toujours la force de tout affronter à travers les mots. C’est une enfant puis une adolescente et enfin une jeune adulte qui recherche toujours l’attention de sa mère et qui en combat les rejets et les foudres. C’est la dépositaire des secrets de famille, aussi, plus pour son malheur que pour son bonheur. Betty, c’est une belle personne incroyablement attachante et humaine et qui veut voir coûte que coûte le bien triompher du mal et qui va réussir à trouver son indépendance et sa liberté à travers le chemin tortueux qu’auront été son enfance et son adolescence. Betty c’est, plus simplement, la mère de l’autrice qui en fait ici une biographie romancée.
Je n’avais encore jamais lu de roman qui se passe dans l’Ohio rural. Ici, même si la famille est au départ nomade, on la suit jusqu’à son installation définitive à Breathed, petite ville dans laquelle les parents de la narratrice ont déjà vécu. Le cadre est idyllique et réellement paradisiaque pour des enfants qui se retrouvent libres d’explorer et découvrir toutes les merveilles de la nature à leur guise : des collines, une forêt, un jardin à exploiter, une rivière… Le cadre est idyllique mais le voisinage l’est moins, parce que les Cherokees ne sont pas bien vus. À l’école, Betty est victime de discrimination sociale de la part de ses camarades mais aussi de ses professeurs et ne côtoie pas beaucoup les autres habitants. Alors son Paradis et son Enfer à elle, c’est la maison familiale et le paysage merveilleux qui l’entoure. L’ambiance et les lieux paradisiaques au départ sont en réalité doux-amer. Autant les histoires du père de Betty sont absolument merveilleuses et sentir que Betty vit et voit le monde qui l’entoure à travers ses histoires et son innocence à elle est magnifique, autant la violence et la cruauté de la mère avec en plus les secrets de famille dont Betty est témoin sont bouleversants et choquants.
Betty, c’est donc au départ la biographie de la mère de Tiffany McDaniel comme je l’ai annoncé au départ. Mais c’est aussi bien plus que ça. C’est une histoire de transmission familiale avec la culture Cherokee, d’émancipation individuelle à travers la construction de cette Petite Indienne qui n’a pas du tout un parcours de vie facile et enfin une histoire résolument féministe qui prône l’égalité entre filles et garçons puis hommes et femmes grâce à l’éducation et la force de caractère individuelle. Enfin, c’est une histoire sur la genèse de l’écriture et sur le goût de raconter des histoires. Le tout sublimé par la plume poétique, sublime et unique de Tiffany McDaniel.
Une claque magistrale. Voilà ce que j’ai ressenti en refermant pour la dernière fois Betty dont j’ai lu la moitié en une journée, tellement c’est un page turner impossible à refermer une fois commencé. Par contre, prépare-toi à des sujets violents et prévois une boîte de mouchoirs au cas où tu te serais laissé surprendre par l’univers a priori paradisiaque de ce roman. J’espère qu’il est déjà considéré comme un classique de la littérature contemporaine outre-Atlantique, il le mérite amplement.